Lavoir

La gestion de l’eau du fort
Dans un fort, l’eau est aussi importante que les vivres et les munitions. Sans réserves, les soldats ne peuvent pas résister longtemps.
Elle est obtenue par le transport par voie terrestre ou par canalisations souterraines, le captage dans des sources ou des cours d’eau, le forage de puits ou l’alimentation en eau de pluie. Le fort de Vézelois comportait deux puits, et un important système de récupération d’eau de pluie.
L’alimentation en eau de pluie est divisée en trois phases : la récupération, le filtrage et le stockage.
Les voûtes des locaux – par exemple la caserne – sont imperméables et leurs revêtements les préservent des infiltrations. L’espace entre deux voûtes de la caserne forme un entonnoir au centre duquel une canalisation en pierres recueille les eaux de pluie, qui traversent la terre recouvrant le fort. Par conséquent, la terre ne pénètre pas à l’intérieur du conduit et l’eau subit un filtrage mécanique.
Tous ces canaux collecteurs sont reliés à des tuyaux en pierres (construits dans les murs, par exemple ceux des gaines d’accès aux coffres de contrescarpe) centralisés vers une canalisation qui aboutit aux filtres. L’eau subit un deuxième filtrage mécanique au travers d’un lit de graviers puis arrive dans la chambre des filtres située près des citernes du fort.
L’eau de pluie contient du chlorure de sodium, des sulfates, des carbonates, des matières organiques… Pour l’utiliser, il faut donc la filtrer. Dans la chambre des filtres, elle traverse la zone de décantation qui sépare par différence de gravité les produits non miscibles tels que l’eau. Elle passe ensuite dans des filtres à sable (traitement physique) et à charbon de bois (traitement chimique).
L’eau est stockée dans les citernes de la caserne. Chaque ouvrage militaire possède au moins deux citernes afin de pallier à tout problème (détérioration ou pollution d’une cuve). De plus, en cas de conflit le fort doit être prêt à combattre, par conséquent en période de paix, seule la citerne dite de temps de paix est utilisée afin de conserver la réserve d’eau de guerre.
Un enduit recouvre les murs intérieurs des citernes pour garantir leur étanchéité. Le remplissage est régulé et un conduit déverse le trop-plein dans les égouts du fort.
Des ouvertures permettent le curage et le pompage, le fond d’une citerne est incurvé pour faciliter son nettoyage. Régulièrement et surtout en temps de guerre (un bombardement pouvant fissurer une citerne), un soldat circule autour des cuves par un boyau dédié, et vérifie leur étanchéité. Quelquefois, des responsables du génie contrôlent la quantité d’eau stockée et la qualité des citernes.
La consommation en eau par homme est incertaine. À titre d’exemple, en 1880 les besoins sont estimés à 5 litres par homme et par jour. De nos jours, chaque français utilise quotidiennement 150 litres.